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LE SURVENANT

— Toi, Survenant, ça sera jamais l’occupation qui te fera mourir de peine, interrompit Amable.

Didace éclata :

— Si jamais je mets la main sur le voleur, je le poigne par l’soufflier et je l’étouffe dret là.

— Oui, reprit le Survenant, mais ça vous redonnera pas votre canot. Si vous voulez je peux vous en bâtir un, semblable à l’autre.

— Parle donc pas pour rien dire, Survenant.

— Je parle d’un grand sérieux. Il y a du bon bois sec en masse, à rien faire, sur les entraits.

— Il mange pas de pain.

— Je veux ben croire, mais il en gagne pas non plus.

Amable se mit à ricaner :

— Tu dois en être un beau charpentier à gros grain. Où c’est que t’as tant appris ton métier ? C’est-il sur les routes ?

— Je sais pas grand’chose, Amable Beauchemin, mais j’en sais assez long pour pas faire une offre que je serais pas capable de tenir. Le canot aurait pas de faux côtés et il aurait pas de rossignols après, je le garantis.

Deux dimanches de suite, à l’issue de la messe, Didace fit crier sans succès la perte de son canot. Alors, un peu gêné il prit Venant à part :

— Euh ! ce que t’as dit, l’autre jour, à propos du canot…