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Page:Guèvremont - Le survenant, 1945.djvu/77

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— Hou donc ! Phonsine ! T’entends pas la cloche ? V’la le tinton qui se prépare à sonner !

À la seule réponse, le heurt d’un fer contre le globe de la lampe dans la chambre d’Alphonsine, Didace tempêta :

— Quoi c’est qu’elle a à tant vouloir se friser belle, à matin ? Elle est pas de rien !

Le dimanche matin, malgré qu’elle se levât une heure plus tôt, c’était toujours un aria pour Alphonsine, depuis qu’elle était maîtresse de maison, de s’apprêter à partir pour la grand-messe. Outre qu’elle devait préparer en peu de temps le repas du midi, balayer la place et mettre de l’ordre dans la maison, il lui fallait sortir les bons habits de son beau-père et de son mari et aider ceux-ci à attacher le faux col et nouer la cravate. Ni l’un, ni l’autre n’en venaient à bout seuls.

Le matin de ce dimanche de décembre, pendant que Didace voyait au train de l’étable, Venant apporta le bois au bûcher. En entrant il aperçut Alphonsine essuyer une larme à la dérobée ; elle s’était querellée avec son mari. Pour l’égayer, le Survenant lui dit :

— Chauffe, Phonsine, chauffe le poêle si tu veux avoir un mari joyeux.