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MARIE-DIDACE

Angélina frissonna. Elle remonta sa chape près du cou. Et les yeux bas, elle répondit :

— Il y a pire…

— Pire ?

L’infirme baissa la voix :

— C’est… de p’us attendre quelqu’un… quand t’as connu ce que c’était… de l’attendre…

— T’as aucun espoir ? lui demanda Phonsine.

L’infirme leva la tête, transfigurée :

— Qui me promettrait que dans dix ans, le Survenant reviendrait passer une heure avec moi au Chenal, j’attendrais sans me plaindre, sans presquement trouver le temps long. Mais… non… aucun espoir…

— Comme ça, lui dit Phonsine, à c’t’heure tu peux laisser le Chenal du Moine ? Tu peux aller te promener à l’Île de Grâce, chez Marie-Amanda ?

Angélina, le regard dardé sur la route, se leva subitement :

— Moi, m’éloigner, tu y penses pas ?

« Elle en gardera un reliquat toute sa vie », se dit Phonsine, oubliant un instant sa propre peine.

* * *

Le même soir, des coups de marteau éveillèrent Phonsine. Ils partaient du fournil. Elle se leva. Pen-