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Page:Guèvremont - Marie-Didace, 1947.djvu/170

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MARIE-DIDACE

corps accentuant la maigreur de ses épaules et de sa figure. Il se radoucit :

— T’avais pas peur au moins que je gronde par rapport aux cennes que ça coûterait, hein, la Petite ?

Dans le temps que les Beauchemin étaient pauvres, ils avaient pu lésiner même sur le strict nécessaire, mais aujourd’hui ils avaient du bien, de l’argent chez le notaire, à la fabrique…

Comme étrangère à ce qui se passait autour d’elle, L’Acayenne se berçait, en mangeant une pomme dont le jus coulait sur son menton. À la voir impassible, Didace s’emporta :

— Grouille-toi, emplâtre. Fais chauffer le thé. As-tu envie de la laisser périr de misère ? Tu vois pas qu’elle est gelée d’un travers à l’autre ?

— Aussi, on dirait qu’elle fait exprès pour avoir l’air misérable, dit l’Acayenne qui déjà agitait la théière.

* * *

Phonsine n’avait pas dormi deux heures qu’elle s’éveilla net, comme si quelqu’un l’eût poussée à l’épaule. Le cœur battant, elle attendit. Peu à peu ses yeux s’habituèrent à l’obscurité, mais elle s’était trompée : il n’y avait personne dans la chambre. Malgré cela, convaincue d’une présence auprès d’elle,