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Page:Guèvremont - Marie-Didace, 1947.djvu/212

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MARIE-DIDACE

— Délivrez, Seigneur, l’âme de votre serviteur…

— Délivrez, Seigneur…

Phonsine avait essayé de se lever : elle n’était pas même parvenue à dégager sa jambe des couvertures reployées sur son corps. Par la fenêtre, une aube blafarde repoussait la nuit, la dernière qu’Amable passait sur la terre. Et la peine repoussait en Phonsine les images de leur bref bonheur. Elle revoyait le visage d’Amable, si désolé, qui cherchait le sien, à travers la vitre ; puis ses épaules affaissées, puis son dos qui disparaissait à jamais du Chenal du Moine.

— Pardon, Amable !

Secouée de sanglots, la tête dans l’oreiller, elle s’était mise à pleurer.


***

Le mois suivant, le rêve de Phonsine s’était renouvelé par deux fois. Dès qu’elle avait eu la force d’entreprendre le voyage, elle était allée consulter le médecin à Sorel.

— Cries-tu fort ? lui avait-il demandé.

— Je dois. La gorge me brûle quand je me réveille.