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MARIE-DIDACE

remontait mélancoliquement à sa mémoire : les merveilleuses chasses d’autrefois, les vents violents franc nord, les voyages de misère à la baie de Lavallière, les passes à la queue des îlets. Et les affûts de branches de saule si durs à planter… Et les mares qu’il fallait faucher à la grand-faux… Et les retours périlleux sur les bordages en novembre, quand les hommes revenaient tout faits de glace au Chenal du Moine…

Il tressauta. La voiture venait de s’arrêter devant la maison des Beauchemin.

Ému et gêné à la fois, le prêtre dit à Didace :

— Je viens vous faire visite en passant.

Didace comprit pourquoi son curé était là. Il voulut lui donner un coup de main. Tout était bien ainsi. L’un aidant l’autre, ils haleraient ensemble pour une dernière passée :

— Décapotez-vous, décapotez-vous, monsieur le curé, on va jaser une petite escousse.

Didace parlait difficilement. Chaque fois qu’il respirait, on eût dit qu’une charrue lui labourait la poitrine.

— Quoi c’est qui ne va pas ? demanda l’abbé Lebrun, en enlevant son cache-poussière d’alpaca.

Angélina, l’Acayenne et Phonsine entouraient le malade, dans son fauteuil, près de la fenêtre.