Aller au contenu

Page:Guèvremont - Marie-Didace, 1947.djvu/25

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
25
MARIE-DIDACE

bords, craignait que l’Acayenne ne l’eût fêlée. Pour mieux l’examiner, elle alla près de la fenêtre la mirer à la lumière du jour.

Avec les années la porcelaine se dorait de tons chauds où dansaient des lueurs nacrées. De faibles courants verts ornaient à peine l’intérieur de la tasse, fine du bas, par contraste au tour supérieur largement évasé, tandis que l’extérieur était fourni de touffes de marguerites jaunes. Phonsine se complaisait à y reconnaître des formes de visages familiers.

Après s’être assurée, du bout des doigts, de la tiédeur de l’eau, elle plongea la tasse dans le baquet. Puis elle choisit, pour l’essuyer, un linge doux, plutôt qu’un torchon de toile du pays. Avant de la ranger à part, sur une tablette élevée, elle enfila à plaisir son pouce dans l’anse qui s’attachait au doigt.

Soudainement, elle pensa à Amable. Où s’était-il enfui ? Elle partit à sa recherche. Entre le fournil et la maison des Desmarais, elle l’aperçut assis sur la pierre du perron, avec Angélina, le visage en larmes. L’infirme, qui ne se consolait pas du départ du Survenant, caressait la tête maigre de Z’Yeux-ronds. Silencieux, l’homme et la femme regardaient au loin. Phonsine les rejoignit.