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Page:Guèvremont - Marie-Didace, 1947.djvu/278

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MARIE-DIDACE

grand’messe pour un ami défunt, recommandée par… » Par qui ?

Angélina hésita :

— Mettez : « par un particulier ».

Intriguée la ménagère mordilla le crayon. Ses lunettes abaissées, elle dévisagea l’infirme :

— T’aimerais pas au moins inscrire le nom de l’ami défunt ?

— C’est pas nécessaire, murmura Angélina.

— T’as l’air malade ! s’apitoya la ménagère. Tu veux pas prendre un petit verre de quelque chose, pour te remettre en train, avant de partir ?

— Merci, dit Angélina tout bas. Seulement je voudrais obtenir une faveur de monsieur le curé : qu’il dise les deux messes lui-même, la grand’messe, la première. J’aimerais pas qu’elles fussent chantées le même jour.

Angélina voulait bien prier pour l’Acayenne et pour le Survenant, mais séparément. Un vieux fonds de rancune l’empêchait de les réunir, même dans la prière.

La ménagère toussota. Elle posa sa main tiède et sèche sur la main froide d’Angélina :

— Tu sais, ma fille, dans la vie, tu traverses de bien vilaines bourrées. Mais, on les passe… on… les… passe !