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Page:Guèvremont - Marie-Didace, 1947.djvu/51

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Les femmes du Chenal, quoique méfiantes envers l’Acayenne, ne se montrèrent pas trop distantes avec elle, par égard pour le père Didace. Mais aucun de ses gestes ne leur échappait. Elles pesaient toutes ses paroles. Une femme dont le passé leur demeurait muré, sauf qu’elle avait fait du cabotage dans les chalands, une femme grasse et belle, à son âge, ne pouvait qu’avoir eu une vie facile. Trop facile. Elles, qui s’étaient toujours esquintées sur l’ouvrage, lui en voulaient d’autant plus. Puis leurs maris, sûrs de réussir à les faire endêver, ne se privaient guère de l’admirer devant elles.

Pierre-Côme Provençal, tout le premier, avait dit :

— Ah ! la belle pièce de femme !

— Batêche, oui ! carrée comme une maison de pierre, avait renchéri Jacob Salvail.

— Moi, je vous le dis franchement, avoir une femme de même dans ma ouache, je mettrais pas le nez dehors de l’hiver, pas même pour aller m’qu’ri une chaudiérée d’eau.