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Page:Guèvremont - Marie-Didace, 1947.djvu/59

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MARIE-DIDACE

— Quoi c’est que t’attends ? lui demanda le père Didace, soudainement impatient de la voir ainsi immobile et distraite. Avance !


* * *


L’Acayenne se montra serviable comme pas une. Elle aida à clarifier la graissaille, à peser l’arcançon, à agiter la cuite. Bien que plusieurs, de leurs allusions, l’eussent poussée à jacasser, elle laissa les langues aller leur train, sans échapper elle-même une parole de trop.

Le travail achevé, comme le jour baissait, Laure Provençal, dépitée, allait se retirer avec les voisines lorsqu’une exclamation leur fit dresser la tête :

— Zarovitch ! cria Bernadette Salvail.

Perdu dans ses vêtements, voûté sous le faix, un ballot au dos, une valise à chaque main, le colporteur, un Juif roumain, tournait le coin de la maison.

On le connaissait de longue date, au Chenal du Moine. Des années il y faisait deux, trois visites. D’autres, il n’y passait même point, assuré de retrouver son territoire intact.