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Page:Guèvremont - Marie-Didace, 1947.djvu/97

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MARIE-DIDACE

— T’as pas idée où il peut être allé ? Il te parlait jamais de places qu’il aimerait visiter ?

L’infirme haussa les épaules d’indifférence. Une place ou une autre, du moment qu’il était loin d’elle.

— Ah ! des fois il disait qu’il aimerait revoir la France.

Les yeux de Marie-Amanda s’allumèrent de fierté :

— Qui c’est qui aimerait pas ça voir la France ?

— D’autres fois il avait rien que le bois dans l’idée. Il parlait d’un pays assez sauvage qu’il y a pas même d’oiseaux qui rôdaillent dans le ciel, ni de bêtes farouches dans les bois.

Le doute fit aller la tête de Marie-Amanda.

— Ça se peut pas.

— Oui, dans les brûlés, tu sais, où il y a tant de têtes-de-femmes, les grosses souches qui ont l’air molles à arracher mais qui tiennent toutes par la racine ?

Elles arrivaient près de la maison. L’infirme dit :

— Je l’aurais suivi partout.

De nouveau la peine s’échappait goutte à goutte.

Marie-Amanda, incrédule, étendit la main :

— T’aurais laissé tout ça ?

Il y avait les champs plans et féconds, il y avait la maison tassée dans sa chaleur et, à côté, le four-