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Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/285

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VIE DE DAGOBERT Ier.

homme du travail et de l’étude. On rapporta à Dagobert ce que faisait et disait cet homme ; il s’était déjà aperçu lui-même de son inimitié, et par les paroles des autres il en fut tout-à-fait convaincu. Mais, ne pouvant le remettre aussitôt dans le devoir, il jugea qu’il fallait attendre une occasion pour examiner avec soin la chose et faire subir à son rival le châtiment qu’il méritait. Un certain jour Clotaire partit pour la chasse et s’en alla fort loin. Dagobert et le duc Sadrégésile restèrent à la maison. Alors Dagobert, ayant trouvé l’occasion qu’il désirait, manda le duc auprès de lui et l’invita à prendre son repas avec lui. Celui-ci, ne soupçonnant nullement ce qui devait arriver, commença à le traiter légèrement, et ne rendit point à son seigneur futur, que dis-je ? à celui qui était déjà son seigneur, les honneurs qui lui étaient dus. Dagobert lui présenta la coupe trois fois, et cet homme méritant de subir en ce jour la peine de ses précédentes insolences, la repoussa comme si elle lui eût été offerte, non par son seigneur, mais par un compagnon et à mauvais dessein. Alors Dagobert commença à l’accuser d’être infidèle envers son père, de le traiter lui-même en rival, de se montrer ennemi de ses compagnons, ajoutant qu’il ne fallait pas supporter long-temps les outrages d’un serviteur, ni tarder à venger ses injures, de peur que tant d’orgueil ne fût quelque jour poussé à l’excès ; il le fit aussitôt battre de verges et le déshonora en lui faisant couper la barbe, ce qui était alors le plus grand affront. Ainsi cet homme qui s’était imaginé que, par une longue suite de prospérités, il deviendrait roi, apprit tout à coup combien il était loin de ce haut rang.