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Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/88

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çant de s’échapper des mains de cet homme, ne craignit pas de tirer son épée et de le tuer ; puis il revint aussitôt au logis sans dire à ses compagnons ce qui s’était passé. Les envoyés citaient Bodégésile, fils de Mummolènexii, de Soissons ; Évance, fils de Dynamius, d’Arles, et Grippon, Franc de naissance. Ils venaient de se lever de table, et s’étaient livrés au sommeil pour prendre leur repos. Lorsqu’on fut venu annoncer aux principaux de la ville l’action de ce serviteur, ils rassemblèrent des soldats, et, environnés de tout le peuple en armes, se rendirent au logis des envoyés. Ceux-ci, éveillés en sursaut, demeurèrent saisis de surprise en voyant ce qui se passait. Celui qui était à la tête du rassemblement leur criait : Déposer vos armes, et sortez pour venir à nous, afin que nous sachions paisiblement comment a été commis le meurtre. Ceux qui étaient en dedans, saisis de crainte, ignorant encore ce qui était arrivé, demandèrent qu’on leur prêtât serment qu’ils pouvaient sortir en sûreté sans leurs armes. Les autres jurèrent, mais la colère ne leur permis pas de tenir leur parole ; et à peine Bodégésile fut-il sorti qu’ils le frappèrent de leurs épées, ainsi qu’Évance : ils tombèrent devant la porte du logis. Alors Grippon, prenant ses armes, ainsi que les serviteurs qui étaient avec lui, marcha vers les gens de la ville en disant : Nous ignorons ce qui s’est passé, et voilà que mes compagnons de voyage qui avaient été envoyés vers l’empereur, ont été abattus par le glaive. Dieu jugera notre injure, et la mort de ceux qui sont tombés sous vos coups, car vous les avez tués lorsque nous venions en paix, et sans vous faire de