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sans que celui-ci sache pourquoi. — Fierté froide de Jenner : ce ne sont pas ces armes-là dont il se sert, lui, mais des armes de l’esprit. — Comparaison de la force physique à la force morale, du courage civil au courage militaire ; égalité des conditions, allusions à la révolution de 89 qui viendra, et à toutes les découvertes modernes de l’industrie, chemins de fer et messagers parisiens. — Alors en effet

Le plus simple mortel pourra pour quelque argent
Envoyer par la ville un courrier diligent.

Elfrid demeure confondu, il redoute en effet que ses vassaux ne se révoltent. — Transes. — Il suspecte Jenner d’être communiste et se propose de le dénoncer au souverain.

IX

Ismène revient et relève Jenner, en le remerciant d’avoir sauvé son amant qu’on avait cru mort à la fin du premier acte. — Mais ce n’est pas tout, répond Jenner, de guérir l’humanité, il faut prévenir le mal ; peut-être un jour me sera-t-il donné… — Il sort majestueusement.


ACTE III.

I

Jenner fait part à Agénor des éclairs qu’Esculape a fait luire à ses yeux ; il a observé, en promenant par les bois ses ennuis, que les jeunes filles destinées par

… des parents inhumains
À souiller dans les champs leurs délicates mains,

et qui ont le soin des tendres génisses, portent quelquefois sur leurs doigts légers des proéminences curieuses, inconnues, et que celles-là ne sont pas attaquées du fléau. Si on pouvait donc extraire ce bienfaisant venin et l’introduire dans le sein des mortels affectés, quel soulagement pour l’humanité ! quelle sainte gloire ! quel bonheur pour lui que de pouvoir sauver peut-être Hermance, dont la beauté à toute heure peut être ravie ! — Agénor fait semblant d’être satisfait de cette idée et l’approuve. — Jenner entre chez Gonnor.