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Page:Gustave Moynier - Etude sur la convention de Genève pour l'amélioration du sort des militaires blessés dans les armées en campagne (1864 et 1868).djvu/202

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CHAPITRE II.

compte que dans la mesure de l’équité du zèle charitable déployé par les habitants.

§ 1. Les habitants du pays où se livre un combat peuvent être d’un grand secours pour l’assistance des blessés. Il ne faut donc rien négliger pour s’assurer leur concours[1], car l’expérience démontre que, si l’on n’y pourvoit pas, les populations locales timorées s’enfuient ou se cachent. Quoique, en pareille circonstance, l’usage des nations civilisées exige que l’on respecte les particuliers inoffensifs, une crainte instinctive les éloigne ou les paralyse. Peut-être aussi redoutent-ils, en témoignant de la pitié pour les blessés d’une armée, de se compromettre aux yeux de l’autre, dans le cas où le vent de la fortune viendrait à changer. Aussi les rédacteurs de la Convention ont-ils jugé opportun de consacrer tout un article à dissiper ces préjugés, en conciliant l’intérêt des gens du pays avec les exigences de l’humanité. Il est certain que si l’on peut compter, pour le prompt enlèvement des blessés par exemple, sur le zèle sincère ou simulé des personnes que le hasard des événements a placées dans leur voisinage, on aura résolu déjà en grande partie le pro-

  1. 1867, II, 97-98.