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Page:Gustave Moynier - Etude sur la convention de Genève pour l'amélioration du sort des militaires blessés dans les armées en campagne (1864 et 1868).djvu/342

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APPENDICE.

ployée actuellement de toute part pour résoudre, avec un succès croissant, ce problème invariable : « tuer un maximum de gens dans un minimum de temps[1]. » Heureusement les protestations contre cet état de choses se multiplient de jour en jour ; l’excès du mal commence à provoquer une réaction. « Chacun semble appeler une réforme dont personne n’ose prendre l’initiative[2]. » Heffter dit bien que « les lois de la guerre proscrivent l’usage des moyens de destruction qui, d’un seul coup, et par une voie mécanique, abattent des masses entières de troupes ; qui, en réduisant l’homme au rôle d’un être inerte, augmentent inutilement l’effusion du sang[3]. » Mais cette doctrine est nouvelle, elle est née d’un sentiment de réprobation instinctive contre les hécatombes gigantesques des dernières guerres, mais elle n’a point encore empêché les nations de se ruiner en armements perfectionnés et de s’envier les unes aux autres les secrets de leurs arsenaux.

La Conférence de Saint-Pétersbourg offrait aux gouvernements une occasion toute natu-

  1. L’Armée française en 1867, 96.
  2. LeRoy-Beaulieu, ouvrage cité, 32.
  3. Heffter, ouvrage cité, § 125.