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IV

Dès qu’André Mariolle eut quitté Mme de Burne, le charme mordant de sa présence s’évanouissant, il sentit en lui et autour de lui, dans sa chair, dans son âme, dans l’air et dans le monde entier une espèce de disparition de ce bonheur de vivre qui le soutenait et l’animait depuis quelque temps.

Que s’était-il passé ? Rien, presque rien. Elle avait été charmante pour lui à la fin de cette réunion, lui disant, par un ou deux regards : « Il n’y a que vous ici pour moi. » Et pourtant il sentait qu’elle venait de lui faire des révélations qu’il aurait voulu toujours ignorer. Cela aussi n’était rien, presque rien ; et il demeurait cependant stupéfait comme un homme qui découvre de sa mère ou de son père une action suspecte, en apprenant que, depuis ces