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Page:Guyot - La Tyrannie Socialiste.djvu/35

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le respect était obligatoire. En Allemagne, il y a encore une religion d’État. Les programmes de Gotha et d’Erfurt demandent que le culte ne soit plus qu’une affaire privée. Pourquoi le mouvement de Luther est-il considéré comme progressiste, sinon parce qu’il a affranchi la conscience individuelle ; parce qu’il a permis à l’individu de décider, dans un domaine plus étendu qu’auparavant, ce qu’il pouvait croire et ne pas croire ? Qui donc oserait demander la résurrection de l’Inquisition, cette effroyable machine d’oppression qui faisait de chaque homme un suspect et lui demandait compte de ses intentions les plus secrètes ? qui donc ne considère pas comme la plus épouvantable des tyrannies, l’obligation pour l’individu, sous les peines les plus atroces, de croire ce que lui ordonnait de croire un clergé appelant à son aide le bras séculier pour imposer sa domination ?

Qu’est-ce que la liberté de conscience qui, après avoir coûté tant de glorieuses victimes, est devenue maintenant un principe incontestable dans la théorie, quelques critiques que puisse en provoquer l’application, sinon la reconnaissance à tout individu du droit de décision personnelle ?

Où sont donc les socialistes qui repoussent ce droit en matière religieuse ou philosophique ? le repoussent-ils quand ils demandent la liberté de la presse et de la parole ? Ils en réclament, au contraire, non seulement pour chacun le droit de décider par soi-même ce qu’il doit croire ou ne pas croire, mais encore le droit de propager, par tous les moyens de publicité, ses affirmations et ses négations.

Ils réclament, et nous sommes de leur avis, qu’il n’y