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Page:Guyot - Les principes de 89 et le socialisme.djvu/101

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bien grave : vous mettez à la porte du Quatrième État toute cette malheureuse légion de comptables, si souvent dépourvus de places, et tous les malheureux plumitifs qui travaillent chez Bonnard-Bidault. Ils font pourtant un travail manuel.

Du reste, le parti ouvrier donne en général ses pouvoirs à des gens qui manquent de la première qualité requise par lui. Ils ne sont pas ouvriers.

Quelques-uns l’ont été, mais ils sont devenus ensuite cabaretiers, instituteurs comme M. Lavy, comptables comme M. Dumay, ou bien, ils n’ont jamais tenu d’autre outil que la plume. C’est un peu gênant. Mais ils ont une ressource que M. Jules Guesde leur a indiquée très habilement quand il s’est déclaré : « l’ouvrier des ouvriers. »

La meilleure démonstration de notre régime d’égalité est l’impossibilité de trouver une définition du Quatrième État, de montrer la ligne de démarcation qui le sépare et l’isole du reste de la nation.

Les chefs veulent en faire une armée ; mais ils ne peuvent pas arriver à distinguer entre les intrus et ceux qui ont le droit d’y être enregimentés ; et la plupart de ses chefs, aussi bien M. Vaillant que M. Guesde, en sont exclus par leur situation de fortune ou par la nature de leurs occupations.

Le journal Le Parti ouvrier[1] a essayé de donner la définition du Quatrième État. — En font partie tous ceux qui sont ralliés « au principe absolu de l’abolition du patronat et du salariat. »

Parmi les membres du parti ouvrier, il est vrai qu’il y a des patrons, comme l’était hier encore M. Chau-

  1. Octobre 1893.