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Page:Guyot - Les principes de 89 et le socialisme.djvu/135

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eu cependant à subir de la part d’avocats-députés des violences et des menaces qui, dans d’autres conditions, entraîneraient la suspension des avocats qui les proféreraient. Pour résister à ces intimidations, il leur a fallu de la décision, du courage, la conviction qu’ils remplissaient leur devoir.

Alors M. Ranc s’adresse au gouvernement et au Parlement pour leur dire :

— Désavouez-les ! Dites bien haut, proclamez que les grévistes sont au-dessus du Code pénal !

Pour faire cette proposition, M. Ranc n’attendait même pas que la grève fût complètement finie. Il saisissait le moment où la moitié des mineurs était rentrée. Il semblait vouloir encourager les autres à renouveler leurs procédés d’intimidation à l’égard de ceux qui voulaient travailler, et il disait naïvement : « Quel moment pourrait être mieux choisi ? »

Il est vrai que M. Ranc étendait l’amnistie à tous, sans exception. Il la présentait « comme une mesure de clémence, d’oubli, d’effacement ». De la part de ceux qui l’accordent, oui, l’amnistie a ce caractère : de la part de ceux qui la reçoivent, nous n’avons pas vu que l’amnistie donnée aux condamnés de la Commune leur ait fait oublier ses beaux jours. Est-ce que, depuis qu’ils sont rentrés, la plupart n’ont pas sans cesse réclamé la revanche de la Commune ? M. Ranc n’en est pas à ignorer les manifestations qui se produisent, chaque année, le 28 mai, au Père-Lachaise.

Récemment encore, tandis que M. Réties protestait, comme rapporteur d’une commission au Conseil municipal de Paris, contre une proposition de donner à une partie de l’avenue de la République le nom de