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Page:Guyot - Les principes de 89 et le socialisme.djvu/140

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consommateur, c’est le gardien de l’hygiène, c’est la providence que Letourneau veut donner à chaque individu pour remplacer l’ancien manitou, c’est le dispensateur des peines, c’est l’État !

Si un entrepreneur de cardage de matelas est plus coupable que le meurtrier qui poignarde le passant pour lui voler sa bourse, de même n’est-il donc pas coupable le parent du malade atteint de diphtérie qui appelle un médecin à son chevet ? En échange d’un salaire de quelques francs, il lui demande de venir s’exposer à un terrible danger ; non seulement, en sortant de cette chambre, le médecin peut emporter des germes de mort pour lui, mais encore pour les siens. Letourneau, qui est médecin, a-t-il pensé à ce cas ? S’il est logique, le parent du malade et le malade sont des assassins ; et ils doivent être frappés de mort avant de perpétrer leurs exécrables forfaits.

Si Letourneau veut supprimer toutes les professions qui ne sont pas destinées à produire des centenaires, quelle est celle qui restera ? L’agriculture ? la profession qui compte le plus d’accidents est celle de charretier. Le laboureur, tantôt les pieds dans la boue, tantôt la tête au soleil, est sujet à toutes sortes d’accidents pulmonaires, à des congestions cérébrales, à des rhumatismes. La mortalité la plus forte par profession constatée en Angleterre, où cette statistique a été mieux établie qu’en France, est pour les garçons de café et d’hôtel de 25 à 65 ans, de plus de 34 par 1.000, tandis qu’elle n’est que de 14.6 pour les couvreurs, de 13.8 pour les ouvriers mineurs, et de 8 1/2 pour les ecclésiastiques[1]. Les maîtres de café

  1. Voir de Foville, la France économique.