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Page:Guyot - Les principes de 89 et le socialisme.djvu/145

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vente de ses produits ; pour payer sa matière première, il compte sur la vente de ses produits ; pour payer ses ouvriers, il compte sur la vente de ses produits. Ce sont donc les clients qui payent les ouvriers : le rôle du patron est de trouver des gens qui veuillent bien consentir à les payer, en échange d’un produit ou d’un service, puis d’opérer les recouvrements et le service de caisse entre les clients et les ouvriers. Les patrons font l’avance des salaires, les rentrées étant habituellement en retard sur la paie des ouvriers : ils reçoivent d’une main et reversent de l’autre. Quant au capital initial, ce n’est qu’une assurance contre les risques provenant de trois causes : la fermeture ou le rétrécissement des débouchés, la baisse des prix, le non-payement des clients.

Dans les moments de dépression, où la clientèle diminue, le capital maintient les salaires, tandis qu’autrement l’usine devrait fermer et les salaires disparaître. Il est un assureur et un régulateur. Il est le volant indispensable pour prévenir les écarts de vitesse du mécanisme économique, la force qui le meut et la résistance à surmonter n’étant pas constantes.

Le capital de l’industriel est le tampon qui existe entre le produit et le client. Comme tous les tampons, il doit amortir les chocs, mais aussi il les subit, et quand il est trop faible pour y résister, il est écrasé. Cet écrasement quotidien s’appelle la faillite.

— Mais, me dira un socialiste, si le patron n’est qu’un intermédiaire, pourquoi un tel est-il plutôt patron que moi, si ce n’est parce qu’il a un capital ?

— Pas toujours. Un tel est patron parce qu’il a su