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Page:Guyot - Les principes de 89 et le socialisme.djvu/148

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— Le chômage ? un mot inventé par le patron pour embêter les ouvriers.

— Est-ce que vous voulez le consommateur obligatoire ?

— Le consommateur ? connais pas ! répond l’ouvrier socialiste.

Et il refuse énergiquement de connaître celui dont il dépend exclusivement, comme en dépend son patron.

Cependant du moment que ce sont les clients qui paient le salaire, ce sont eux qui en déterminent le taux.

Le produit est-il trop cher ? ils en consomment moins ; n’est-il plus à leur goût ? ils y renoncent : est-il plus cher qu’un équivalent ou un concurrent ? ils l’abandonnent ; n’est-il pas en rapport avec leurs ressources ? ils s’en abstiennent ; et les socialistes pourront récriminer, s’indigner, menacer de la grève, faire grève, ils ne ramèneront pas le client dont la grève silencieuse est d’une efficacité implacable. Quand il fait le vide, ni patrons ni ouvriers ne résistent.

Le consommateur n’a aucune obligation envers ses fournisseurs. Il achète aujourd’hui à tel ou tel, tel ou tel produit, parce que tel est son bon plaisir. Aujourd’hui, telle mode enrichira telle manufacture, telle région, tel métier. Demain, le consommateur y renoncera, sans que personne puisse lui en demander compte. Un caprice fait varier ses goûts et ses besoins. Une modification de prix, une nouvelle invention, le porte tantôt ici, tantôt là. C’est un être fuyant qu’on ne peut retenir que par des soins constants, en recherchant le moyen, non seulement de satisfaire,