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Page:Guyot - Les principes de 89 et le socialisme.djvu/188

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Ils veulent charger les communes d’achats d’animaux reproducteurs et de machines agricoles.

— Pourquoi pas ? disent des personnes qui y voient les avantages que les expériences multiples n’ont pu dissiper.

— Pourquoi pas ? et parce qu’une commune, pas plus que l’État, ne doit pas avec les ressources générales que lui donnent les contribuables, pourvoir à des services privés. Si vous voulez des arguments de fait, j’ajouterai que cette combinaison, prétendue « démocratique » favoriserait les gros fermiers et les gros propriétaires de la commune. Le petit propriétaire, qui n’a qu’une vache ou même n’en a pas du tout, profiterait moins des services du taureau communal que celui qui a cinq, dix, quinze vaches, en admettant qu’il voulût en user. Le fermier qui aurait une moisson à battre profiterait plus de la batteuse communale que le petit propriétaire qui ne récolte que les légumes de son jardin.

En instituant un taureau communal, un bélier communal, une batteuse, une faucheuse, une moissonneuse communales, nous en revenons au bon régime féodal du four banal et du moulin banal.

Le seigneur obligeait l’agriculteur d’y porter son blé et sa farine : le maire de la commune obligera tout contribuable de cette commune à donner sa part d’impôt à la bête ou à la machine communales, même s’il ne veut ou ne peut s’en servir.

Les socialistes agraires français demandent le monopole des alcools : ils sont logiques : mais ils le sont moins que les socialistes suisses qui, dans leur programme pour les élections du 29 octobre 1893, ont