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Page:Guyot - Les principes de 89 et le socialisme.djvu/205

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Maret paraît faire si peu de cas : une propriété. Cette pourvoyeuse sera dépourvue. Maret ne lui donne pour toute dot qu’une phrase : « La suppression de l’héritage en ligne collatérale. » C’est maigre ; et il n’y a pas un paysan du Sancerrois qui ne pourrait en expliquer la raison à son député.

Actuellement, jusqu’au douzième degré inclusivement, on hérite en ligne collatérale, si le de cujus n’a point laissé de testament. Mais c’est rare. L’héritier du douzième degré ne peut guère attendre son bonheur légal que de l’oncle d’Amérique.

Cette disposition de notre Code civil a surtout servi au mécanisme de certains mélodrames. Henry Maret, qui est paradoxal, au lieu de prendre de l’intérêt, dans son fauteuil de l’Ambigu-Comique, aux affaires de l’héritier qui devait recevoir, malgré le traître, un lingot d’or en guise de tuile sur la tête, et de se réjouir avec lui et la majorité du public, de cette bonne fortune, bougonnait :

— C’est moi qui supprimerais cette loi absurde ! Tant pis pour les neveux dont les oncles n’auront pas fait de testament en leur faveur !

De la manière dont MM. Henry Maret et Barodet conçoivent leur proposition, pour les neveux, petits-neveux, arrière-neveux, cousins, cousines à la mode de Bretagne et autres, toute la question est là :

— Le de cujus a-t-il ou n’a-t-il pas fait de testament ?

S’il n’a pas fait de testament, c’est fini. L’État hérite ou plutôt la caisse d’assurance mutuelle de Maret.

Mais, s’il a fait un testament, ce sont les coquins de neveux.