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Page:Guyot - Les principes de 89 et le socialisme.djvu/243

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jacqueries de 89 qu’est due la nuit du 4 août. »[1] « N’avez-vous pas célébré « les trois glorieuses » et n’est-ce point des barricades de 1848 qu’est né le suffrage universel ? »

Au point de vue historique, il est incontestable que la trame de l’histoire de l’humanité est formée de violences, à en juger par les ossements préhistoriques. Presque tous portent la trace d’entailles et de fractures. Quand nos aïeux de l’âge de pierre n’étaient pas d’accord, ils ne connaissaient que les coups comme arguments. Au fur et à mesure que la civilisation s’est développée, on a remplacé les coups par des discussions. On a eu recours à des arbitres ; on s’est expliqué, on a transigé : en vertu de la méthode historique, invoquée par les socialistes révolutionnaires, devrions-nous essayer de revenir à ces procédés rudimentaires et brutaux ? Chez les peuplades africaines, il y a des conspirations, des assassinats de princes, des révolutions tous les jours ; chez les peuples orientaux, les conspirations de palais sont la trame de la politique : mais le progrès ne consiste-t-il pas précisément dans la substitution des procédés pacifiques aux procédés violents ?

Il y a eu des Journées insurrectionnelles sous la Révolution ; et notre fête nationale est l’anniversaire de l’une d’elles : je n’examine pas s’il n’aurait pas mieux valu choisir une autre date, telle que celle de la convocation des États généraux ou celle de la promulgation de la Déclaration des droits de l’homme ; mais une fête vaut par le sens qu’on y attache ; et dans

  1. Benoist Malon. Le Nouveau Parti, p. 24.