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Page:Guyot - Les principes de 89 et le socialisme.djvu/258

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Ce mot pompeux de « souveraineté » représente une vieille idée de domination, transformée en un mot métaphysique. Plus modestement, on peut dire que les représentants de l’association politique, ceux qui sont chargés de ses intérêts généraux, de sa sécurité intérieure et extérieure, doivent avoir les pouvoirs nécessaires pour l’assurer ; et qu’une fois qu’ils ont ces pouvoirs, nul ne doit essayer de vouloir agir, en même temps qu’eux ou concurremment avec eux.

Dans une société commerciale, si un individu, sans mandat, se mêlait d’engager les ressources de la société, d’agir pour elle, s’attribuait un rôle qui ne lui aurait pas été régulièrement reconnu, il serait mis à la porte et passible de pénalités pécuniaires et personnelles.

Dans une nation, à plus forte raison, nul n’a le droit de s’arroger des fonctions, un rôle, d’édicter des lois contraires aux lois générales, de faire une police contre la police, de frapper des individus d’interdit, etc., comme nous l’avons vu faire, sous la Révolution, par le club des Jacobins, sous la Restauration par la Congrégation, et comme nous le voyons faire par des syndicats.

Tandis que les socialistes veulent que « la Société », c’est-à-dire l’État, fasse tout, ils considèrent avec leur logique accoutumée, que le gouvernement ne doit remplir aucune des conditions du gouvernement.

Or, qu’il soit monarchique ou démocratique, despotique ou libéral, tout gouvernement sous peine de suicide doit : 1o assurer la sécurité nationale, la préserver de toute atteinte aussi bien au point de vue moral qu’au point de vue matériel ; 2o garantir la