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Page:Guyot - Les principes de 89 et le socialisme.djvu/88

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de choisir les ouvriers qu’ils voudraient employer et des avantages que leur donnerait la concurrence par le bas prix et la perfection du travail. On ne peut souvent exécuter l’ouvrage le plus simple sans recourir à plusieurs ouvriers de communautés différentes, sans essuyer les lenteurs, les infidélités, les exactions que nécessitent les prétentions de ces différentes communautés et les caprices de leur régime arbitraire et intéressé. »

Turgot proclamait la liberté du travail dans ces termes :

« Dieu, en donnant à l’homme le besoin, en lui rendant nécessaire la ressource du travail, a fait du droit de travailler la propriété de tous, et la première, la plus sacrée, la plus imprescriptible de toutes. »

Cette audace emporta Turgot qui dut abandonner le ministère, la même année ; et cependant plus d’un siècle et demi auparavant, le tiers état, dans les cahiers qu’il présenta aux États généraux de 1614, avait demandé que « toutes maîtrises de métiers érigées depuis les États tenus dans la ville de Blois, en 1576, fussent éteintes, sans que, par ci-après, elles pussent être remises, ni aucunes autres nouvelles établies : et fut l’exercice des dits métiers laissé libre aux pauvres sujets, sans visitation de leurs ouvrages et marchandises par experts et prud’hommes. »

Ce système de corporations, de maîtrises et de jurandes faisait si bien partie de l’échafaudage de féodalité et d’inégalité de l’ancien régime que ce fut dans la nuit du 4 août qu’il disparut. « C’est pour toujours, dit un adversaire de la Révolution, M. de Sybel, que l’Assemblée française a conquis dans la nuit