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Page:Héricourt - La Femme affranchie.djvu/14

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Je dis que si l’origine, l’explication, la loi, la formule du Droit et du Devoir ne sont pas contenues dans ces faits et ces rapports, c’est que le Droit et le Devoir n’existent pas.

Mais c’est parce que je crois fermement qu’elles y sont contenues, que j’essaierai de les en dégager.

Il est temps enfin que se vulgarise cette vérité précieuse et féconde, que nous avons des Droits et des Devoirs, indépendamment de toute doctrine religieuse.

Quoi ! diront quelques personnes timorées, vous, une femme, vous osez éliminer Dieu des questions de Droit et de Devoir !… Ah ! il ne vous manque plus que de répéter cette phrase impie :


Dieu, c’est le mal !


Lecteur, c’est une pensée vraie, cachée sous une forme paradoxale. Dieu, dans son concept absolu, n’est pas le mal ; mais l’humanité pense que Dieu sous sa face relative, Dieu formulé par notre intelligence, Dieu caché sous le symbole inventé par nous, de bien qu’il apparaissait à l’origine, devient le mal, lorsque l’humanité qui progresse, a dépassé en science et en moralité l’objet immobile de son ancienne adoration.

Demandez aux chrétiens des premiers siècles, héritiers de deux croyances philosophiques symbolisées par Paul dans l’unité de Dieu et celle de la race humaine, si les dieux des nations qui leur semblaient diviser cette double unité, ne leur apparaissaient pas comme le mal…? Certes oui, puisque, de ces dieux de leurs ancêtres ils ont fait des démons.