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Page:Héricourt - La Femme affranchie.djvu/162

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de leur femme et leur sont infidèles ; je me suis demandé encore pourquoi beaucoup de couples, longtemps heureux lorsqu’ils étaient librement unis, sont malheureux, souvent obligés de se séparer légalement, lorsqu’ils ont fini par se marier, et je nai pu voir d’autres raisons à ces choses que celles-ci : nous tenons à ce que nous savons pouvoir nous échapper. L’homme a plus d’égards pour une femme qui n’est pas sa propriété légale, son inférieure, que pour celle ainsi transformée par la loi. Cependant il faut lavuer, vos idées, Madame, sembleront excentriques.

L’auteur. Et cependant elles ne sont qu’une application des lois françaises ; en effet nos lois n’établissent-elles pas que les conventions ne peuvent avoir pour objet que des choses, non des personnes ? Que la Société ne reconnaît pas les vœux et n’en poursuit pas la violation ?

Or, la loi du mariage actuel aliène les conjoints l’un à l’autre ; la femme appartient à son mari ; elle est en sa puissance, Qu’est-ce qu’un tel contrat, sinon la violation du principe qui déclare que toute convention ne peut avoir pour objet les personnes ? Serait-il plus permis d’aliéner sa personne par un contrat de Mariage que par un contrat d’esclavage ?

Quelques-uns disent qu’il est permis de disposer de sa liberté comme on l’entend, même pour y renoncer. En effet, on peut le faire, comme on peut se donner la mort ; mais user de sa liberté pour y renoncer ou se tuer, est beaucoup moins user d’un droit que violer les lois de la nature morale ou physique : ce sont des actes de folie qu’on doit plaindre, mais qu’il n’est pas permis d’ériger en loi.