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Page:Héricourt - La Femme affranchie.djvu/166

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parce que ce serait un scandale que de contrarier sa femme ; parce qu’on a besoin d’elle, ne pouvant, sans se déshonorer, entretenir une maîtresse.

Les maris des grands centres de population échappent à l’obéissance par l’amour hors du mariage ; ils ne commandent pas ; Madame est libre.

Parmi les travailleurs de la bourgeoisie et du peuple, il est admis dans la pratique que personne ne commande, et qu’un mari ne doit rien faire sans consulter sa femme et avoir son consentement.

Dans tous les rangs, si quelque mari est assez naïf pour prendre au sérieux son prétendu droit, il est cité comme un méchant homme, un despote intolérable que sa femme peut haïr et tromper en sûreté de conscience ; et ce qu’il y a de curieux, c’est que les séparations légales n’ont, la plupart, au fond d’autre motif que l’exercice des droits et prérogatives concédés par la loi à Messieurs les maris.

Je vous le demande maintenant, Madame, à quoi bon maintenir contre la raison et les mœurs, une autorité qui n’existe pas, ou qui passe à l’époux condamné à la subir ?

La jeune femme. Sur ce point, je suis tout à fait de votre avis ; pas une femme de la nouvelle génération ne prend au sérieux les droits du mari. Mais votre théorie n’attaque pas que son autorité ; elle attaque aussi l’indissolubilité du Mariage qui, dit-on, est nécessaire à la dignité de ce lien ; au bonheur, à l’avenir des enfants, à la moralité de la famille.

L’auteur. Je prétends, au contraire, que ma théorie assure, autant qu’il est humainement possible, la perpétuité et la pureté