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Page:Héricourt - La Femme affranchie.djvu/169

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cacher, de trembler à la pensée d’une grossesse et… de la faire disparaître. La séparation légale conduit les époux non seulement au concubinage, à la haine réciproque mais provoque la naissance d’une foule d’enfants dont l’avenir est compromis, perdu par le fait de leur illégitimité.

Que les époux, selon leur droit, soient libres et tout rentrera dans l’ordre, parce que tout se fera dans la lumière et la vérité.

La jeune femme. Mais l’avenir des enfants, Madame ?

L’auteur. La moralité des enfants est plus assurée sous le régime de la liberté que sous celui de l’indissolubilité, car ils n’assisteraient pas longtemps à ces cruels démêlés, à ces désordres qui, aujourd’hui, les rendent dissimulés, vicieux, leur font prendre en mépris ou en haine l’un de leurs auteurs, quelquefois tous les deux quand ils ne les prennent pas pour modèles : si la vie commune devient impossible aux parents, ce qui sera plus rare sous la loi de liberté, les enfants ne seront pas soumis à la puissance de gens qui violent les lois de la morale reçue : ils verront peut-être ces parents contracter un nouveau lien, comme aujourd’hui mais ce lien sera honoré de tous.

De ces unions pourront naître des enfants comme aujourd’hui ; mais ces enfants, au lieu d’être jetés à l’hospice, partageront avec les premiers la tendresse et l’héritage de leur père ou de leur mère. Les enfants, dits légitimes, perdront en fortune, c’est vrai ; mais ils gagneront en bons exemples ; beaucoup d’enfants qui sont aujourd’hui dans la catégorie des illégitimes, passeront dans la première et ne seront plus condamnés par l’abandon à mourir jeunes, ou bien à croupir dans l’ignorance, le vice, la misère ; à se voir imprimer au front, comme leur faute