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Page:Héricourt - La Femme affranchie.djvu/221

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et ménagent des préjugés, qu’au fond du cœur, elles ne partagent point.

L’élève de l’Institut serait, au contraire, une rationaliste, une progressiste, solidement imbue de l’Idéal qu’on lui aurait fait vérifier par l’étude de l’histoire, des religions et des lois ; elle ne dirait que ce qu’elle penserait ; ne ferait pratiquer que ce qu’elle croirait et pratiquerait elle-même. Digne, morale, vraie, autant par principe que par habitude, méthodiquement et philosophiquement instruite, sentant l’importance de la vie, la gravité de son rôle, portant dans tous ses rapports l’idée du Droit et du Devoir, la fille de l’Institut saurait partout remplir la tâche que lui imposent ses aptitudes et son titre de membre de l’humanité.

Ce ne serait pas elle, à la vérité, qui dirait langoureusement et sottement à son mari : toi, rien que toi, toujours toi ; mon enfant c’est encore toi ; car on lui aurait appris que c’est manquer à ce qu’on se doit, que de s’absorber dans un être toujours faible, souvent vicieux et despote ; que ce serait manquer à son devoir envers l’humanité, que de mettre une affection particulière au dessus des affections générales, et de se disposer ainsi à sacrifier la justice et l’univers à un sentiment égoïste.

À l’instruction solide et méthodique, nécessaire à l’institutrice, l’élève de l’Institut joindrait les connaissances anatomiques, physiologiques et hygiéniques si nécessaires à ceux qui dirigent l’éducation, et la meilleure méthode d’enseignement, celle de Frœbel modifiée, par exemple.

Pense-t-on que des institutrices ainsi formées, manqueraient d’occupation ? Je ne le crois pas.