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Page:Héricourt - La Femme affranchie.djvu/246

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reprocher, ajoutant à chacune : cela n’est pas bien parce que nous avons fait ce que nous ne voudrions pas qui nous fût fait. Avez-vous réparé cela autant que vous l’avez pu ? Avez-vous fait vos excuses ?

Et comme il ne faut pas que l’enfant évite seulement le mal, mais encore qu’elle fasse le bien, vous ajouterez : nous aurions dû donner un sou à ce pauvre, parce que, si nous étions malheureux, nous voudrions qu’on nous donnât ; nous aurions dû défendre telle petite compagne que nous avons laissé battre, parce que nous voudrions qu’on nous défendît, etc., etc. Demain nous ferons telle réparation qui nous est possible et veillerons mieux sur nous.

Quand l’élève pourra faire seule son examen et aura la conscience assez ferme pour ne pas se faire d’illusions, ne lui dites que ce mot, quand elle commet une faute : je te renvoie ce soir devant ta conscience.

Habituez surtout votre élève à respecter son juge interne, à ne pas se croire permis de penser et de faire ce qu’elle n’oserait avouer. Votre principale tâche, sous le rapport moral, est de lui faire sentir que, si son imperfection doit la rendre modeste et indulgente, son devoir est de s’améliorer, et de croire en sa force et en l’efficacité de sa volonté.

Remarquez, Madame, que je vous parle de modestie, non pas d’humilité ; la modestie consiste à ne pas s’exagérer sa valeur et sa puissance d’action ; l’humilité est un sentiment vil qui porte à s’abaisser, à se méconnaître, à se mettre au dessous de tous et à souffrir de tous ; or rien n’est plus opposé à notre idéal que ce vice qui favorise la paresse, la lâcheté, est une négation de la