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Page:Héricourt - La Femme affranchie.djvu/279

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aujourd’hui, pour se croire inférieure à lhomme et tenue de lui obéir : elle ne croit pas plus au droit divin de l’autre sexe sur elle, que ce sexe ne croit au droit divin du prince et du prêtre sur les peuples.

Sous l’influence du principe d’Émancipation générale, posé par la Révolution française, la femme, mêlée à toutes les luttes comme actrice ou martyr ; comme mère, épouse, amante, fille, sœur, s’est modifiée profondément dans ses sentiments et ses pensées : il eût été absurde qu’elle voulût la liberté et l’égalité pour les hommes, parce qu’ils sont des créatures humaines, sans élever son cœur, et sans rêver son affranchissement propre, puisqu’elle aussi est une créature humaine : l’esprit révolutionnaire a rendu la femme indépendante : il faut en prendre son parti.

La femme n’étant plus enfermée dans les soins du ménage et des enfants, mais, au contraire, prenant une part toujours croissante à la production de la richesse nationale et individuelle, il est évident qu’elle a besoin de liberté et d’indépendance, et qu’elle doit avoir, dans la famille et les affaires une tout autre place que par le passé : elle le sent et le sait, il faut encore en prendre son parti, et lui faire cette place : le bon sens et la justice l’exigent.

La femme ne pouvant plus se marier sans une dot ou une profession, ne peut plus considérer le mariage comme son état naturel ; elle est de plus en plus mise dans la nécessité triste ou heureuse de se suffire à elle-même, de se considérer, non plus comme le complément de l’homme, mais comme un être parfaitement distinct.