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Page:Héricourt - La Femme affranchie.djvu/284

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ceux qu’on a comprimés, refoulés, auxquels on a donné une nature factice.

Ces motifs sont assez graves pour que nous repoussions toutes les théories, toutes les classifications en vogue, et pour que nous ne nous permettions pas la fantaisie d’en essayer une, qui ne serait pas meilleure que celles des autres, puisque les éléments nous manquent, et ne peuvent être donnés que par le libre développement des deux sexes dans l’égalité.

Non pas, je l’ai dit, que je nie la différence fonctionnelle des sexes : non : une induction légitime m’autorise à croire que la différence sexuelle modifie tout l’être, conséquemment le jeu des facultés : c’est pour cela que la femme doit être partout et, à côté de l’homme : car je ne cesserai de le répéter : tout ce qui est de l’humanité n’aura réellement ce caractère, que lorsqu’il sera frappé de l’empreinte des deux sexes : si, pour procréer un être humain, les deux sont nécessaires, pour mettre au monde une loi viable, un jugement vraiment équitable, il faut l’homme et la femme. Tout existe dans l’humanité par les deux sexes ; si tout est imparfait, c’est parce que l’influence de la femme est indirecte ; il faut qu’elle devienne directe pour hâter le Progrès.

Repoussant en principe toute classification devant le Droit, et laissant à la Liberté et à l’Égalité la tâche de manifester les véritables caractères différentiels des deux moitiés de l’humanité, je n’ai pas dû m’arrêter sur la prétendue mission, sur la prétendue vocation propre à chaque sexe, ni discuter la valeur des affirmations suivantes et autres semblables :

La femme est gardienne des sentiments, de la morale ;