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Page:Héricourt - La Femme affranchie.djvu/95

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soucie pas des individualités ; il suffit que l’adultère de l’homme ait des fruits plus amers que celui de la femme, pour qu’il soit sévèrement et non moins sévèrement puni que celui de cette dernière.

Ils disent : c’est une chose indigne et cruelle que de mettre la douleur dans le cœur d’un honnête homme. Nous répondons : c’est une chose tout aussi indigne que de mettre la douleur dans le cœur d’une honnête femme.

Ils disent : c’est un vol que de forcer un homme à travailler pour des enfants qui ne sont pas siens. Nous répondons : C’est on vol d’employer les revenus ou le fruit du travail de sa femme à nourrir des enfants qui lui sont étrangers, et à soutenir la femme qui la désole ; c’est un vol que de détourner sa propre fortune ou le fruit de son propre travail de la maison qu’ils doivent soutenir, pour les porter à une femme étrangère.

Et vous êtes non seulement plus coupables que nous, Messieurs, parce que le résultat de votre adultère est pire que le résultat du nôtre ; mais parce que, vous posant en chefs et en modèles, vous nous devez l’exemple.

Et vous êtes à la fois iniques et stupides d’exiger, de celles que vous nommez vos inférieures en raison, en sagesse, en prudence, en justice, qu’elles soient plus raisonnables, plus sages, plus prudentes et plus justes que vous.

Voilà, Madame, ce que nous pensons et disons.

L’auteur. Vous parlez d’or ; ce n’est pas moi qui vous contredirai ; j’aime à voir la jeunesse se dresser résolument contre les préjugés, et protester contre eux au nom de l’unité

de la morale.

T. II.
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