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Page:Héricourt - La Femme affranchie.djvu/97

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La jeune femme. Je comprends aujourd’hui comment l’indissolubilité du mariage, n’ayant pour palliatif que le triste remède de la séparation, met le concubinage en honneur et produit des crimes odieux. Certaines consciences faibles ne peuvent-elles en effet faire naufrage à la vue d’une chaîne qui doit durer autant que leur vie, et ne pas être tentées de la rompre par le fer et par le poison ? Il est probable que, si les maris ne laissaient pas la liberté à leurs épouses séparées, les crimes contre les personnes se multiplieraient.

Et si l’on se sépare jeune, est-il de la nature humaine de rester dans l’isolement ? Faut-il être puni toute sa vie de ce qu’on s’est trompé ?

Dans de tels cas, quelle autre ressource que le concubinage, et qui oserait le blâmer ?

Et l’on appelle la séparation un remède !

Tout à l’heure vous m’avez laissé entrevoir que le mari peut, en certains cas, désavouer l’enfant de sa femme. Je croyais qu’il n’y a pas de bâtards dans le mariage.

L’auteur. Vous êtes dans l’erreur. Si le mari ou ses héritiers prouvent que depuis le trois centième au cent quatre-vingtième jour, c’est à dire depuis le dixième ou sixième mois avant la naissance de l’enfant, le mari était absent ou empêché par quelqu’accident physique d’en être le père ; ou bien si la naissance a été cachée, la paternité peut être désavouée. Elle peut encore l’être pour l’enfant né avant le cent quatre-vingtième jour du mariage, à moins que le mari n’ait eu connaissance de la grossesse, n’ait assisté à l’acte de naissance, ne l’ait signé ou si l’enfant est déclaré non viable.