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Page:Hérodien - Histoire romaine, depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à l'avénement de Gordien III (trad Léon Halévy), 1860.djvu/115

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dèrent, et prêtèrent, selon l’usage, serment au nouvel empereur. On célébra un sacrifice, et des branches de laurier parurent aussitôt dans les mains de tous les soldats et de tous les citoyens.

IX. Ils reconduisirent ainsi avant le jour, comme nous l’avons dit précédemment, le nouveau prince jusqu’au palais des empereurs. Là, de vives inquiétudes vinrent l’assaillir. Quoiqu’il eût donné des preuves d’une âme forte et d’un courage à toute épreuve, les circonstances présentes l’effrayaient, non pour sa vie, car mille fois il avait bravé de plus grands périls ; mais il avait peine à croire à une révolution aussi soudaine ; il songeait à plusieurs sénateurs d’une naissance distinguée, qui pourraient s’opposer à ce que l’empire, des mains d’un prince dont l’origine était si illustre, tombât dans celles d’un plébéien, d’un obscur parvenu. Malgré l’estime que lui avait acquise la simplicité de ses mœurs, malgré la gloire qu’il devait à ses exploits militaires, il voyait beaucoup de patriciens au-dessus de lui par leur naissance. Il se rendit donc au sénat, dès que le jour fut venu, sans permettre qu’on portât devant lui le feu sacré et les autres marques de la dignité impériale, avant qu’il eût connu les dispositions des sénateurs.

X. Mais à peine parut-il en leur présence, qu’ils le saluèrent d’acclamations unanimes, et l’appelèrent