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Page:Hérodien - Histoire romaine, depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à l'avénement de Gordien III (trad Léon Halévy), 1860.djvu/21

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aiment à parler en lieux communs et que les Français vont d’abord à l’application, ce qui donne au style plus de force et de justesse. » Quand Hérodien, racontant la bataille livrée par Maximin aux Germains sur les bords du Rhin, dit : « Le marais fut rempli de cadavres, et le lac rougi de sang offrait l’image d’un combat naval au milieu d’une armée de terre[1] » ; Mongault traduit : « Il se fit alors un si grand carnage que le marais devint rouge de sang et fut comblé de corps morts. » Et il met en note : « La pensée d’Hérodien m’a paru si puérile (l’image du combat naval), que j’en ai eu honte pour lui, et par charité je l’ai cachée dans les Remarques. Ceux qui aiment les concetti à l’italienne m’en feront peut-être une affaire ; mais il faut qu’ils me pardonnent en faveur de quelques autres petits traits du même goût auxquels je n’ai point touché, sans compter plusieurs hyperboles un peu difficiles à digérer. On verra dans les remarques qui me restent à faire quelques figures que j’ai laissées, quoique j’appréhende qu’elles ne trouveront pas grâce auprès des lecteurs qui aiment et apprécient la nature. »

  1. Voyez livre VII, ch. vi, page 229.