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Page:Hérodien - Histoire romaine, depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à l'avénement de Gordien III (trad Léon Halévy), 1860.djvu/253

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d’avance ; des courses de chars, des spectacles variés, de nombreuses symphonies, des festins splendides, des nuits entières de fêtes et de plaisirs occupaient le peuple, dont Antonin croyait ainsi faire le bonheur. Il conduisait lui-même de la ville au faubourg le dieu’ placé sur un char étincelant de lames d’or et des pierres les plus précieuses. Le char était traîné par un attelage de six chevaux blancs, de haute taille, sans tache, tout brillant d’or et magnifiquement caparaçonnés. Antonin tenait les rênes. Jamais homme ne montait sur ce char, mais on se tenait tout auprès, et le dieu semblait le diriger lui-même. Antonin courait à reculons devant le char, le visage tourné vers le dieu, et tenant les guides des chevaux. Il faisait tout le chemin courant ainsi en arrière, et regardant le dieu face à face. De peur qu’il chancelât ou ne tombât, ne voyant pas où il marchait, on couvrait abondamment le sol de sable doré, et ses gardes le soutenaient de chaque côté, rendant ainsi sa course assurée. Le peuple courait également des deux côtés du char, agitant une multitude de torches, semant la route de guirlandes et de fleurs. Les statues de tous les dieux, avec leurs magnifiques offrandes, tous les ornements impériaux, les meubles les plus précieux de la couronne, et enfin la cavalerie et toute l’armée suivaient le char du dieu. Quand le prince avait conduit et placé la divinité dans le temple, il célébrait alors ces sacrifices