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Page:Hérodote - Histoire, trad. Larcher, tome 1, 1850.djvu/251

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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

conseils, et de vous avertir de tout ce que je croirais vous être le plus utile et le plus avantageux. »

Ce langage était l’effet de la bienveillance de Crésus ; Cambyse s’en offensa. « Et vous aussi, lui dit-il, vous osez me donner des avis ; vous, qui avez si bien gouverné vos États ; vous, qui avez donné de si bons conseils à mon père en l’exhortant à passer l’Araxe pour aller attaquer les Massagètes chez eux, au lieu de les attendre sur nos terres où ils voulaient passer ! Vous vous êtes perdu en gouvernant mal vos États, et Cyrus s’est perdu en suivant vos avis. Mais vous ne l’aurez pas fait impunément ; et même il y a longtemps que je cherchais un prétexte pour le venger. » En finissant ces mots, il prit ses flèches pour en percer Crésus. Mais ce prince se déroba à sa fureur par une prompte fuite. Cambyse, voyant qu’il ne pouvait l’atteindre, commanda à ses gens de s’en saisir et de le tuer. Mais comme ils connaissaient l’inconstance de son caractère, ils cachèrent Crésus dans le dessein de le représenter si le roi, venant à se repentir, le redemandait. Ils espéraient aussi recevoir une récompense pour lui avoir sauvé la vie ; et d’ailleurs ils étaient dans la résolution de le tuer, si le roi ne se repentait point des ordres qu’il avait donnés. Cambyse ne fut pas longtemps sans regretter Crésus. Ses serviteurs, s’en étant aperçus, lui apprirent qu’il vivait encore. Il en témoigna de la joie ; mais il dit que ce ne serait pas impunément qu’ils lui auraient conservé la vie. En effet, il les fit mourir.

XXXVII. Pendant son séjour à Memphis, il lui échappa plusieurs autres traits pareils de folie, tant contre les Perses que contre les alliés. Il fit ouvrir les anciens tombeaux pour considérer les morts. Il entra aussi dans le temple de Vulcain, et fit mille outrages à la statue de ce dieu. Cette statue ressemble beaucoup aux pataïques[1] que les Phéni-

  1. Nous ne savons pas ce que c’est que ces pataïques, et, suivant toutes les apparences, nous l’ignorerons toujours. Hérodote est le seul auteur qui en ait parlé : il ne leur donne point le nom de dieux ; j’ai cru devoir l’imiter, quoique Hésychius, qui ne fait que l’interpréter, les décore de ce titre. Ce qui peut