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Page:Hérondas - Mimes, trad. Dalmeyda, 1893.djvu/48

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boutiques et regarder curieusement ces scènes familières. Quoique l’observation y soit plus plaisante que profonde, elles ont, comme les études de caractères, le privilège de ne pas vieillir. Elles semblent toujours prises dans la réalité contemporaine. L’art d’Hérondas consiste à combiner les traits particuliers et les traits généraux de telle sorte que ses personnages soient à la fois des individus et des types. Nous savons que les Doriens faisaient volontiers la caricature du cordonnier grippe-sou. Le nom même de Kerdon se trouve souvent chez les Latins, et Martial le fait porter par un cordonnier enrichi. On peut se demander si ce n’est pas le héros de notre mime que nous retrouvons à Rome, où Cn. Mattius lui aurait donné droit de cité. Le personnage était assez vivement représenté pour fixer un type classique et pour rester définitif.

Le Πορνοβοσκός nous offre un type nouveau pour nous dans la littérature grecque, mais que les comiques latins nous ont rendu familier : Battaros est ce qu’en langage honnête on appelle un « marchand d’esclaves ». Il habite Cos, en qualité d’étranger domicilié. Il demande justice contre un certain Thalès qui est venu de nuit forcer la porte de sa maison, le rouer de coups de poing et traîner par les cheveux une de ses pensionnaires qu’il voulait enlever. Hérondas nous présente son personnage d’une façon fort ingénieuse. Battaros