Page:Hérondas - Mimes, trad. Dalmeyda, 1893.djvu/52

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morgue et d’effronterie et se rapproche davantage de Battaros ; mais il passe de la plus grande insolence à la dernière humilité, c’est un despote au début de la pièce, c’est à la fin un esclave soumis qui se jette aux genoux de Pseudolus. Battaros est plus majestueux : sans doute il consent à subir la torture pourvu que Thalès dépose à l’avance une certaine somme, mais sa dignité n’en est pas altérée : il rappelle le capitan de la farce qui fait le fanfaron et demande l’aumône.

Tels sont, brièvement analysés, ces sept petits tableaux qui nous présentent une galerie de personnages fidèlement observés et très vivants. Le style est bien celui qui convient à ces sortes de poèmes : ses plus grandes qualités sont le naturel et la souplesse, il est tout semé d’expressions populaires, de proverbes, de comparaisons familières. Il est souvent trivial et grossier de parti pris et n’use guère de la périphrase ; c’est bien le vêtement de la pensée, mais un vêtement si transparent et si léger qu’il la laisse voir dans son naturel et souvent dans son impudeur. Nous sommes loin de la poésie harmonieuse de Théocrite : les vers d’Hérondas n’ont de poétique que leur mesure. On pourrait leur appliquer justement ce qu’Horace dit de la comédie et de ses propres vers :

 nisi quod pede certo
Differt sermoni, sermo merus.