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Page:Hérondas - Mimes, trad. Dalmeyda, 1893.djvu/55

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tres, et le poète nous décrit d’abord avec un grand bonheur d’expressions le travail des puissants forgerons. Les vers ont une grandeur véritable : « L’Etna retentissait ; elle retentissait aussi, la Trinacrie, demeure des Sicanes, et l’Italie voisine retentissait, et la Corse faisait entendre un grand cri quand ceux-ci, soulevant leurs marteaux par-dessus leurs épaules, frappaient avec de grands efforts l’airain ou le fer incandescent sorti de la fournaise[1] ». C’est bien là le ton de l’épopée, mais le poète ne le soutient pas longtemps, il le quitte brusquement pour nous peindre la vie des Olympiens par son côté bourgeois. Ces Cyclopes sont des Croquemitaines que les filles des dieux, n’étant déjà plus toutes petites, ne peuvent voir sans frissonner[2]… « Quand l’une d’elles a désobéi, sa mère appelle les Cyclopes pour la punir. Argès, Stéropès ! s’écrie-t-elle : alors du fond du palais apparaît Hermès, tout barbouillé de cendre noire. Et la petite fille, épouvantée, se cache dans le sein de sa mère en mettant sa main sur ses yeux. » Il est piquant de voir Callimaque réduire la vie de l’Olympe à de telles proportions. Il fallait que ce goût du détail familier fût cher aux poètes alexandrins pour qu’il se trahit dans un genre aussi relevé. Il trouvait mieux à s’exercer dans l’Hékalé.

  1. Callimaque, hymne III, vers 57 à 61.
  2. Ibid., vers 64 et suivants.