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Page:Hérondas - Mimes, trad. Dalmeyda, 1893.djvu/59

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La sortie d’un atelier, des bourgeois prenant leurs ébats le dimanche, une noce d’ouvriers, des lutteurs forains, un bateau-mouche et ses passagers, lui paraissent autant de spectacles dignes de fixer l’attention d’un poète ; il s’arrête même volontiers devant un vieux soulier, qui n’est pas celui de Corneille, et ce spectacle, vulgaire en apparence, renferme pour lui autant de philosophie que l’histoire ou la Bible pour Alfred de Vigny. L’illusion n’est que là. Les poètes qui nous montrent des scènes populaires attribuent la valeur de leurs ouvrages moins à l’exactitude et à la fidélité des peintures qu’à l’idée qu’ils y croient renfermée. Ils ressemblent tous au peintre Vincent, qui s’indigne de voir louer dans ses tableaux « des pieds, des mains, de vils contours[1] », tandis que sa pensée philosophique passe inaperçue. Les poètes alexandrins, avec autant de souci de la forme et de raffinement dans l’expression, ont été plus strictement fidèles à la théorie de l’art pour l’art. Ils n’ont d’autre dessein que de copier la nature ; le réalisme est l’objet particulier de leurs scènes familières. Il est donc important de noter que la ressemblance signalée est moins dans la conception de la poésie que dans le choix des sujets. Elle est surtout dans cette recherche constante du détail pittoresque,

  1. A. de Musset, Lettres de Dupuis et Cotonet.