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Page:Haeckel - Religion et Évolution, trad. Bos, 1907.djvu/115

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malheureusement, ils n’oublient qu’une chose, c’est qu’en général le trône devient bientôt le tabouret de l’autel et que l’Église exploite l’état, non pour son avantage à lui, mais dans son propre intérêt à elle-même.

L’histoire de l’athanisme nous apprend d’ailleurs que la croyance à l’immortalité n’a trouvé accès dans la science que relativement tard. On ne la rencontre pas dans les conceptions monistes des grands philosophes de la nature qui, en Grèce, six cents ans avant J.-C. ont pénétré le plus profondément l’essence véritable du monde : on ne la rencontre ni chez Démocrite, ni chez Empédocle, ni chez Sénèque, ni chez Lucrèce ; on ne la rencontre pas dans les anciennes religions orientales, pas plus dans le bouddhisme ou dans l’ancienne religion populaire des Chinois, que dans la doctrine ultérieure de Confucius ; bien plus, dans les cinq livres de Moïse et dans les premières Écritures qui composent l’ancien Testament, (celles qui ont été écrites avant la captivité de Babylone), il n’est pas question de l’immortalité personnelle de l’homme. Les premiers, Platon et son élève Aristote établirent le dogme de la double nature de l’homme sur leur métaphysique dualiste et ce dogme, rattaché plus tard aux doctrines du Christ et de Mahomet, prit la plus grande extension.

À côté de la croyance à l’immortalité de l’âme, il est un autre dogme psychologique qui, pas plus que le premier, ne peut se concilier avec l’idée moderne de l’évolution, c’est la croyance au libre arbitre de l’homme. La physiologie moderne nous convainc, d’une façon claire et qui ne laisse pas de doute, que la volonté, chez l’homme comme chez l’animal, n’est jamais réel-