Page:Haeckel - Religion et Évolution, trad. Bos, 1907.djvu/124

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de leur vie intellectuelle supérieure : la croyance en un Dieu personnel, à l’immortalité personnelle de l’âme et à la liberté de la volonté humaine. Mais ces trois précieux objets de foi, intimement reliés à d’innombrables et nobles créations de l’esprit ou institutions de la civilisation, ne disparaîtront pas pour cela ; ils seront seulement supprimés, en tant que vérités, du domaine de la science pure. En revanche, ils subsisteront, précieux produits de la fantaisie, dans le domaine de la poésie. Là, non seulement, comme ils l’ont fait jusqu’ici, ils fourniront par milliers les motifs les plus beaux et les plus élevés à toutes les branches de l’art, architecture, sculpture, musique et poésie, mais ils conserveront, en outre, une haute valeur éthique et sociale dans l’éducation de la jeunesse et l’organisation de la société. Ainsi que les légendes de l’antiquité classique (par exemple la superbe légende d’Hercule, ou l’Iliade et l’Odyssée) ou l’histoire de G. Tell, nous fournissent une quantité de modèles artistiques et éthiques, de même, les légendes de la mythologie chrétienne auront, longtemps encore, une destinée analogue ; il en va de même des créations poétiques et fantaisistes d’autres religions, qui ont donné les formes les plus diverses aux notions transcendantes de Dieu, de la liberté et de l’immortalité.

Et ainsi, à l’avenir, l’art si noble et propre à échauffer les cœurs demeurera à côté de la science, rayonnante et lumineuse — non pas en opposition, mais en harmonie avec elle, — la plus précieuse possession de l’esprit humain. Une fois de plus, la parole de Gœthe se trouvera confirmée :