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Page:Haeckel - Religion et Évolution, trad. Bos, 1907.djvu/126

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noza et Gœthe — est identique à l’énergie éternelle qui anime toutes choses et loin d’être étranger et hostile à la matière, qui remplit l’espace, il lui est uni pour former avec elle la substance éternelle et infinie ; il « vit et existe en toutes choses », comme dit aussi l’Évangile. Puisque nous constatons que la loi de substance a une valeur absolument universelle, que la conservation de la force et celle de la matière (de l’énergie et de la matière) sont inséparables, — puisque nous constatons, en outre, que l’évolution ininterrompue de cette substance est soumise aux mêmes « éternelles, grandes lois d’airain », nous pouvons conclure que Dieu se trouve dans la loi naturelle elle-même. La volonté de Dieu agit selon des lois, aussi bien dans la goutte de pluie qui tombe et dans le cristal qui se développe, que dans le parfum de la rose et dans l’esprit de l’homme. Et ainsi, en fin de compte, nous en revenons toujours à cette sublime parole que le plus grand de nos génies allemands, W. Gœthe, nous a proposée comme suprême expression de la sagesse divine,

« Que serait-ce qu’un Dieu qui ne ferait qu’imprimer le mouvement du dehors,
« Qui ferait tourner le monde en le poussant du doigt !
« Ce qui lui sied, c’est de mouvoir l’univers du dedans,
« D’enclore la Nature en lui, de se perdre lui-même dans la Nature,
« De telle sorte qu’à rien de ce qui vit, s’agite, existe en lui,
« Ne manque sa force, ne fasse défaut son esprit. »