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Page:Haeckel - Religion et Évolution, trad. Bos, 1907.djvu/36

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Müller que par les conférences officielles des spécialistes chargés de cet enseignement. Le maître mourut en 1858, quelques mois avant que Ch. Darwin-Charles Darwin et A. Wallace ne publient dans le journal de la Société Linné, à Londres, les premières communications relatives à leur nouvelle théorie de la sélection. Je ne doute pas le moins du monde que cette étonnante solution de l’obscure énigme de la création n’eût profondément impressionné Müller et ne l’eût amené, après de mûres réflexions, à une complète adhésion.

À l’exemple de ce grand maître de la biologie, tous les autres anatomistes, physiologistes, zoologistes et botanistes considéraient, jusqu’en 1858, la question de la création organique comme un problème non encore résolu ; la grande majorité le tenaient même pour insoluble et transcendant. Triomphants, les théologiens et leurs alliés, les métaphysiciens, s’appuyaient sur ce fait ; car il mettait nettement en lumière l’insuffisance de la raison et de la science ; seul un miracle pouvait avoir fait surgir ces organismes dont la construction révélait un plan ; seul, dans sa sagesse et sa toute-puissance, Dieu pouvait avoir créé l’homme « à son image ! » Cette résignation générale de la raison et le triomphe du dogme surnaturel, qui tirait d’elle sa force, semblent, pendant les trente années qui séparent Lyell de Darwin, entre 1830 et 1859, choses d’autant plus paradoxales que l’histoire naturelle de l’évolution de la terre, telle que l’avait exposée le grand géologue anglais, avait bientôt recueilli l’adhésion générale. À partir de lui, dans toute la nature inorganique, dans la formation des montagnes comme dans la révolution des astres, on